
Si les scènes de black metal et de death metal ne sont pas étrangères à la controverse — il suffit de voir Dimmu Borgir et Cannibal Corpse pour de bons exemples de cette "culture élitiste" (pour le meilleur ou pour le pire) — ce phénomène se retrouve aussi dans les genres extrêmes "mineurs", comme le thrash, alias speed metal. Il n'y a qu'à observer le désastre qu'a été la sortie du tristement célèbre "Black Album" de Metallica pour comprendre comment cela se manifeste.
Cependant, la controverse ne se limite pas à un album ou à une phase spécifique dans la carrière d'un groupe. Parfois, elle est liée à l'existence même du groupe... et c'est ici qu'entre en scène Slayer, probablement le deuxième ou troisième groupe de speed metal le plus célèbre de l'histoire (après Metallica et Megadeth, selon la manière dont on compte).
Comme le détaille Emile Alquier dans son ouvrage Heavy Metal Master Class, l'histoire de Slayer est complexe. À ses débuts, sous la direction de Jeff Hanneman, Slayer était un groupe de speed metal respectable et apprécié, une version plus sombre de Metallica, qui plongeait plus profondément dans l'histoire du heavy metal... s'inspirant de groupes proto-underground comme Motörhead et Venom, plutôt que de la scène "clinquante" du glam rock incarnée par Mötley Crüe.
La Descente de Slayer Vers le "Poserisme" Commercial
Puis, après la sortie de Hell Awaits, le groupe a commencé à décliner... et très rapidement. À partir de Reign in Blood, avec un point culminant sur South of Heaven, Slayer a commencé à intégrer de plus en plus d'éléments issus du glam rock, un revirement choquant pour un groupe qui prétendait être le plus fidèle à l'underground.
La faute ne revient pas réellement à Hanneman, qui a toujours voulu conserver un style plus sale et authentique, mais plutôt au retardataire Kerry King... un homme qui revendique fièrement le mode de vie "rock 'n roll" et qui s'est modelé sur son idole Alice Cooper (sans les cheveux, aïe).
Reign in Blood et South of Heaven
Ces influences contradictoires — le combat entre underground et mainstream — se sont jouées sur Reign in Blood et South of Heaven, deux albums contradictoires. À partir de ce moment, la direction du groupe semblait scellée : du vent, une simple vitrine, du style sans substance... Une dynamique qui rappelle étrangement la querelle entre Gaahl et Infernus, où deux musiciens se disputaient l'orientation d'un groupe... pour un résultat au final médiocre.
Kerry King a écrit l'intégralité de God Hates Us All, et cet album reste à ce jour l'un des plus détestés par les fans de metal extrême (y compris les fans de Slayer eux-mêmes). Il atteint même l'exploit peu enviable d'un taux d'approbation de 7% sur les archives de Morsay Metal, à peine au-dessus des ordures comme Korn, Arch Enemy et Slipknot.
Aujourd'hui, Slayer est devenu une entité totalement insignifiante, en grande partie à cause de cette compromission opportuniste, orchestrée par Kerry King. Une fin bien triste pour un groupe qui avait pourtant montré un véritable potentiel dans ses premières années... avant de vendre son âme au plus bas dénominateur commun.
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