
Que pensaient les autres membres de groupes de black metal du "créateur" du genre, Øystein Aarseth, alias Euronymous, "père fondateur" du black metal norvégien ?
Euronymous était indubitablement un personnage "plus grand que nature", presque caricatural, cherchant sans cesse à provoquer le public et à susciter des réactions, à la manière d'un "heel" (antagoniste) dans le monde du catch. Le fait que ces "réactions" se traduisaient directement en profits financiers grâce à ses diverses entreprises est une question à part entière ;)
Alors, selon les autres artistes de black metal, quelle part de la persona d'Euronymous était authentique et quelle part relevait du pur théâtre ?
Euronymous a joué de la guitare sur les deux albums les plus notoires de Mayhem (et les seuls qui comptent vraiment) : Deathcrush et De Mysteriis Dom Sathanas, bien qu'il n'ait pas écrit tous les riffs du second (Varg Vikernes, Necrobutcher et Blackthorns ont contribué).
Ce que pensent les autres artistes BM
Commençons donc par examiner ce que les autres musiciens de Mayhem, en particulier ceux présents sur DMDS, ont à dire à son sujet.
Necrobutcher (bassiste)
Necrobutcher (Jørn Stubberud), le bassiste de Mayhem, entretenait une relation compliquée avec Euronymous. Il a mentionné qu'Euronymous et Dead (Per Yngve Ohlin) "s'agaçaient mutuellement" et "n'étaient plus vraiment amis à la fin". Les choses ont pris une tournure plus sinistre lorsque, après le suicide de Dead, Euronymous a pris des photos du cadavre. Necrobutcher a d'ailleurs affirmé que si Varg Vikernes n'avait pas tué Euronymous, il l'aurait fait lui-même (chaud).
Dead (chanteur)
Une relation tendue. Selon certaines sources, ils se disputaient fréquemment. Pourtant, ils sont restés compagnons de groupe et potes pendant plus de deux ans.
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Hellhammer (batteur)
Hellhammer (Jan Axel Blomberg), le batteur de Mayhem, se souvient de conflits violents entre Euronymous et Dead, notamment un épisode où Euronymous jouait de la musique synthétique que Dead détestait, ce qui poussa ce dernier à dormir dehors avant de revenir avec un "couteau de chasse".
Varg Vikernes (bassiste et compositeur)
Varg Vikernes, du groupe Burzum, reconnu coupable du meurtre d'Euronymous, entretenait avec lui une relation orageuse. Il a affirmé que l'image satanique extrême qu'affichait Euronymous était en grande partie une facade, que sa véritable personnalité était très différente, et qu'il était "efféminé" et portait du maquillage. Cette affirmation a été confirmée par Glen Benton de Deicide, qui avait rencontré Euronymous en 1991. Curieusement, Vikernes a aussi fait l'éloge des contributions d'Euronymous à De Mysteriis Dom Sathanas, un album sur lequel les deux hommes ont excellé dans la création d'un black metal sombre et dissonant.
Ihsahn (guitariste et chanteur)
Ihsahn (Vegard Sverre Tveitan), frontman d'Emperor, a déclaré que les déclarations extrêmes d'Euronymous et des autres servaient "avant tout à instiller la peur chez les gens" et qu'ils "voulaient être en opposition avec la société". Il doute qu'Euronymous ait jamais été un "véritable adorateur du diable". Satyr de Satyricon a confirmé cette idée, affirmant qu'il y avait "environ 30 personnes dans le 'Inner Circle' [Cercle Intime, ndt.] norvégien, et que personne ne vénérait le diable ou quoi que ce soit de ce genre".
Gaahl (chanteur)
Gaahl (Kristian Espedal), chanteur de Gorgoroth, a longuement parlé d'Euronymous, notamment dans le livre Le Vrai Black Metal d'Antoine Grand. Il l'a décrit comme une personne tourmentée, qui "cherchait toujours à se distinguer des autres".
Abbath (guitariste)
Abbath, guitariste d'Immortal, entretenait également une relation tumultueuse avec le leader de Mayhem, tout en reconnaissant son talent pour "rassembler des individus très différents", probablement en référence au Inner Circle (Cercle Intime) norvégien. Il est toutefois important de noter que cette amitié n'était pas réciproque : Euronymous détestait Immortal et leur interdisait de qualifier leur musique de "Black Metal", raison pour laquelle Immortal présentait souvent ses albums comme du "Holocaust Metal" afin d'éviter la censure imposée par Euronymous au début des années 1990.
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